La maladie d’Alzheimer se caractérise par un début insidieux et une évolution progressive. Il existe une variabilité interindividuelle concernant l’ordre d’installation mais aussi l’intensité des différents troubles cognitifs chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les pertes de mémoire figurent parmi les symptômes les plus connus mais l’évolution des lésions cérébrales vient progressivement empêcher d’autres capacités de fonctionner.

Avoir une maladie d’Alzheimer, c’est souffrir de troubles de la mémoire suffisamment importants pour retentir sur la vie quotidienne. Cependant, cela ne se produit pas du jour au lendemain. La maladie d’Alzheimer entraîne une perturbation du fonctionnement cognitif de la personne malade mais elle engendre également des troubles affectifs et comportementaux.

La maladie d’Alzheimer et la mémoire

Ces oublis perturbent la vie quotidienne. La personne malade est en effet incapable d’acquérir de nouvelles informations. Elle a donc de plus en plus de difficultés à se souvenir des faits récents. Ces troubles de la mémoire s’accompagnent parfois de ce que l’on appelle l’anosognosie. C’est à dire que la personne malade ne se rend pas compte de la sévérité de ses problèmes de mémoire. Elle a effectivement tendance à les attribuer simplement à son âge. N’ayant pas conscience du caractère pathologique de ses difficultés, la personne accepte mal l’aide et les mises en garde de ses proches contre certaines situations à risques, telles que la cuisine au gaz ou la conduite automobile. 

Les troubles de mémoire constituent le motif de consultation habituel. Ils traduisent l’altération des formations hippocampiques, indispensables aux processus de mémorisation des informations nouvelles. Un patient atteint de la maladie d’Alzheimer présente ainsi des pertes de mémoire concernant les événements récents. Il répète les questions, effectue deux fois le même achat, ne sait plus quelle est la personne qu’il vient de rencontrer ou ne se souvient plus de l’endroit où il a rangé un objet important. Il peut être également désorienté, errer plusieurs heures dans son quartier, ou ne pas bien se situer dans le temps. On assiste alors à l’utilisation de plus en plus fréquente de notes et d’aide-mémoire. Néanmoins, les conséquences des troubles de la mémoire assez rapidement constatés par l’entourage sont minimisées par le patient: il oublie qu’il oublie. 

Oublier un rendez-vous ou une course ou l’endroit où l’on a posé un objet ou un numéro de téléphone, ça nous arrive à tous sans exception. Mais quand cela se répète, en particulier dans des circonstances précises, par exemple, dans un environnement bruyant ou quand il faut aller vite, etc. Ce n’est peut-être pas si anodin. Ça l’est d’autant moins que l’on oublie que l’on a oublié, que l’information qui nous a fait défaut ne nous revient guère en mémoire, quelque temps plus tard, voire, qu’il nous arrive de plus en plus de poser des objets courants dans des endroits inappropriés comme les clés dans le four. Lorsque ces troubles de la mémoire portent uniquement sur des événements récents et qu’ils affectent la vie quotidienne au point de compliquer l’exécution de certaines tâches familières, c’est un signe. Le malade a des difficultés à comprendre les relations spatiales et temporelles. Il souffre d’une réelle ainsi d’une confusion de temps et de lieux. De ce fait, il est incapable de se rappeler de la date ou de la saison à laquelle nous sommes. De même, il sera également incapable de se souvenir comment rentrer chez lui.

La maladie d’Alzheimer et la communication

A côté de ces troubles initialement discrets de la mémoire, d’autres symptômes peuvent s’installer comme le fait de substituer un mot par un autre, au point de rendre une phrase incompréhensible ou ne plus reconnaître un chemin pourtant emprunté plusieurs fois. Comme le jugement tend aussi à s’altérer, cela peut se traduire par un décalage entre ce qu’il aurait fallu faire et une situation donnée : se couvrir alors que le thermomètre grimpe, par exemple. Présenter des sautes d’humeur, souvent sans raison apparente et perdre tout intérêt pour l’entretien de la maison, sont encore d’autres symptômes.

Enfin, l’altération de la qualité du sommeil doit encore poser question. Un diagnostic aussi précoce que possible est le meilleur moyen de bénéficier d’une prise en charge précoce, seule solution actuelle pour ralentir le cours de la maladie. Si les traitements actuellement disponibles ne permettent pas de faire régresser les symptômes déjà installés, associés à des thérapies non médicamenteuses, ils peuvent stabiliser la maladie pour de longues années. Alors plutôt que de se demander si ces symptômes peuvent avoir un rapport ou non avec une maladie d’Alzheimer débutante, mieux vaut être vu en consultation de la mémoire. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin traitant. Les troubles du langage correspondent à une perte partielle ou totale de la capacité à communiquer.

Au début, une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer cherche ses mots et à tendance à compenser cette difficulté  en usant de mots valises,  truc ou  machin. Ensuite, la personne produit des paraphasies et persévère sur un élément ou sur un thème. La lecture est perturbée et l’écriture devient désorganisée. Enfin, à terme, la personne devient mutique. Il existe, en parallèle, des difficultés de compréhension qui évoluent progressivement. Dans les premiers temps, le malade se perd dans des phrases compliquées ou dans un vocabulaire particulier et, peu à peu, ce sont les phrases et les mots simples qui perdent leur sens.

Le raisonnement abstrait et les fonctions exécutives

Dès les premiers stades de la maladie, les patients rapportent fréquemment des difficultés à exécuter des activités complexes ou demandant de l’attention et de la concentration. La personne malade abandonne donc progressivement certaines tâches difficiles comme la gestion du budget, la préparation d’un repas, la conduite automobile, la planification d’un voyage… Elle a  de plus en plus de difficultés à réaliser deux choses à la fois et est plus facilement distraite si elle est interrompue ou s’il existe un bruit environnant.

Comportement inhabituel ou inacceptable socialement ou au regard des valeurs de la personne ou de la famille. La personne malade agit impulsivement sans se préoccuper des conséquences. Elle parle à des personnes étrangères. Elle utilise des mots grossiers ou déplacés qu’elle n’aurait jamais dit auparavant.  Elle fait des commentaires désobligeants à voix haute ou parle ouvertement de questions très personnelles. Convictions erronées que l’on rencontre plutôt à des stades modérés de la maladie. 

La personne malade croit être en danger ou que les autres ont l’intention de lui faire du mal. Elle croit que les autres la volent. Elle croit que son conjoint/sa conjointe a une liaison. Elle croit qu’elle n’est pas chez elle dans la maison où elle habite. Perceptions ou interprétations erronées de l’environnement. Elles peuvent être visuelles, auditives, sensorielles, amnésiques. La personne malade entend des voix. Elle parle à des personnes qui ne sont pas là.  Elle voit des choses que les autres ne voient pas (personnes, animaux, lumières…).

La maladie d’Alzheimer : les gestes ou l’apraxie


La personne malade a l’air de perdre tout intérêt à la vie en société. Elle a ainsi tendance à s’isoler et à ne plus participer aux activités qu’elle aime habituellement. Généralement, cette mise en retrait est due à une conscience par la personne malade que son état de santé s’est détériorée. Elle ne sera pas forcément en capacité d’identifier ses difficultés mais aura remarqué un changement dans ses capacités à effectuer certaines tâches. Au cours de la maladie d’Alzheimer, la personne malade a des difficultés à effectuer des gestes quotidiens nécessitant une certaine coordination et de la dextérité.

Ce sont des gestes acquis qui, peu à peu, sont oubliés. L’apraxie se manifeste de manière concrète dans les actions quotidiennes. La personne éprouve d’abord de réelles difficultés à exécuter des gestes élaborés comme écriture, tâches ménagères, utilisation des appareils électroménagers puis, à un stade plus avancé, elle ne peut plus produire les gestes les plus simples comme l’utilisation des couverts, mâcher, s’habille.

Les capacités de reconnaissance ou l’agnosie


Au cours de l’évolution de la maladie, il est possible de voir apparaître des difficultés d’identification des objets ou des visages. Cela s’explique par l’incapacité à mettre en relation ce qui est perçu et ce que nous avons appris alors que les fonctions sensorielles sont préservées. Les patients peuvent, néanmoins, parfois compenser ce manque par un autre sens : le toucher, l’ouïe. Ainsi, toucher un objet leur permettra de l’identifier ou entendre une voix familière permettra de reconnaître un proche.

La personne malade se montre très nerveuse, inquiète ou effrayée sans raison apparente. La prise de conscience par moment de la détérioration de ses facultés peut devenir également une source d’anxiété. Les manifestations se présentent comme suit: les mêmes questions sont posées sans cesse, déambulation, tourne en rond, ne tient pas en place, agitation à la tombée de la nuit et comportement de vérification comme la fermeture du gaz, portes, fenêtres.